8 siecles d’histoire
La robe rouge des Jurats et l’épitoge des intronisés témoignent de la longue histoire du vignoble de Saint-Émilion.
Depuis l’époque romaine, qui a vu la plantation des premiers ceps, jusqu’à maintenant, des générations de vignerons ont façonné le vignoble de Saint-Emilion.
C’est en regardant vers l’avenir tout en respectant les traditions que l’homme a su faire naître, au fil des siècles, des vins au rayonnement inégalé.
Et quand en 1999, l’Unesco inscrit la Juridiction sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité, elle reconnaît officiellement le caractère unique de ce « paysage culturel ».
Depuis sa création au XIIème siècle et sa renaissance en 1948, la Jurade célèbre les valeurs de solidarité et de convivialité propres aux Saint-Émilionnais, la grandeur de leurs vins et les moments forts de la vigne et du vin.
En 1154 l’Aquitaine passe sous autorité anglaise mais Saint-Émilion aspire à obtenir une autonomie plus importante. Depuis l’arrivée de l’ordre des Bénédictins, l’influence religieuse de Saint-Émilion est en pleine expansion.
Le statut particulier de juridiction est accordé à Saint-Émilion en 1199. Il est conféré par Jean sans Terre (fils d’Aliénor d’Aquitaine) lors de la signature de la Charte de Falaise qui délègue des pouvoirs économiques, politiques et judiciaires, à des notables et des magistrats pour la gestion et l’administration générale de la cité. C’est là l’origine de la Jurade. En contrepartie, s’établissent des échanges très actifs des vins de Saint-Emilion vers l’Angleterre à partir de Libourne.
Sigillum Com Si Emiliani est l’inscription latine qui figure sur le sceau de la Jurade. Elle signifie simplement « le sceau de la commune de Saint-Émilion ». Mais au Moyen-Âge, le mot « commune » a un sens bien différent de celui d’aujourd’hui. Il signifie que les bourgeois de
Saint-Émilion peuvent prêter serment. Dans une société guidée par les allégeances, le pouvoir dont jouissent les Jurats dans l’administration de la Juridiction de
Saint-Emilion est donc très important.
Au XVème siècle, une part importante des délibérations et des décisions de la Jurade touche au vin. Elle surveille la production et l’élaboration des vins « fins », détient la
« marque à feu du vinetier » imprimée sur chaque barrique, sévit contre les fraudes et détruit le vin de mauvaise qualité.
Mais surtout, la Jurade vérifie la maturité des raisins. Elle fixe même la date de la récolte des raisins. C’est le Ban des Vendanges. Un moyen efficace de contrôler la qualité.
Ces mesures essentielles ont assuré la prospérité et la grande renommée des vins de Saint-Emilion.
Au cours de sa longue histoire, le vignoble de Saint-Emilion a su relever de nombreux défis. Cette pérennité, les vignerons la doivent à leur force collective. En 1884, la crise du phylloxera touche le vignoble de Saint-Emilion. Pour y faire face ils créent le premier syndicat viticole de France. En 1931 le syndicat viticole de Saint-Emilion innove en créant la première coopérative viticole du Bordelais.
Et en 1948, ils reconstituent la Jurade de Saint-Emilion dissoute lors de la Révolution Française. Aujourd’hui, en revêtant la robe des Jurats, les viticulteurs et négociants des vins de Saint-Émilion n’oublient pas le sens de leur serment. La Jurade c’est tout d’abord l’appartenance à une même famille, unie sous la bannière Saint-Emilion.