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#PortraitdeViticulteur : Noémie TANNEAU

Partez à la découverte des Hommes et des Femmes qui travaillent dans le vignoble de Saint-Emilion, Lussac Saint-Emilion et Puisseguin Saint-Emilion !
Nous profitons de la Journée de la Femme pour vous proposer le portrait de Noémie TANNEAU, 35 ans. Propriétaire du Château St-Ferdinand, Lussac Saint-Emilion, elle s’occupe de sa propriété de A à Z. Découvrez son parcours et sa vision de l’avenir !
Quel est votre rôle sur la propriété ?

Je suis vigneronne, propriétaire et gérante du château St Ferdinand. Je m’occupe aussi bien de la gestion du vignoble, du tracteur, de l’élaboration des vins, de l’œnotourisme, de la commercialisation et de la gestion d’entreprise dans son ensemble.

 

Depuis combien de temps travaillez-vous dans le milieu viticole ?

J’ai repris mes études en 2012 avec un BTS viticulture œnologie et diplôme d’ingénieur agronome en alternance. Je suis vigneronne du Château St Ferdinand, à Lussac, depuis 2020.

 

Quelles études avez-vous suivies ?

J’ai tout d’abord fait des études pour être travailleur social, un BTS de conseillère en économie sociale et familiale. Puis, j’ai repris mes études à 24 ans avec un BTS viticulture œnologie à Blanquefort, et un diplôme d’ingénieur agronome, option Management des Entreprises Agricoles à Bordeaux Sciences Agro.

 

Pourquoi être devenue viticultrice ? Qu’est-ce que vous aimez dans votre métier ?

J’étais travailleur social jusqu’en 2012. J’aimais le contact avec les autres, mais n’ayant pas de modèle agricole dans ma famille, je n’ai pas exploré cette orientation-là étant plus jeune. C’est en devenant adulte et en travaillant que je me suis réellement demandé le métier que j’aimerai faire.

Un métier en lien avec la nature est devenu une évidence. J’ai repris 5 ans d’études en alternance. Le vin est devenu une réelle passion. J’aime l’exaltation des sens que le métier de vigneronne apporte, et la richesse de ses rencontres. L’observation de la nature, l’expérimentation, le partage et le challenge sont les composantes essentielles à la passion que j’ai de ce métier. C’est un métier dans lequel je ne m’ennuie jamais. Il m’épanouis pleinement par sa polyvalence, sa complexité, sa beauté.

La réalisation dont Noémie est la plus fière

"Je suis très fière d’avoir réussi à devenir vigneronne, à reprendre une exploitation viticole dont je suis la gérante. Ce n’est pas commun une femme vigneronne, seule gestionnaire d’une propriété viticole du St Emilionnais, qui ne soit pas fille de vignerons ! Je suis très fière d’avoir redonner vie au Château St-Ferdinand."

Pensez-vous que le monde viticole reste majoritairement masculin ? L’image machiste du vignoble bordelais est-elle véridique ?

Le monde du vin est encore très masculin. Les femmes ont toujours été très présentes, mais n’étaient pas sous le feu des projecteurs. Aujourd’hui, le vignoble est beaucoup plus mixte, et surtout il y a de plus en plus de femmes vigneronnes à la tête des exploitations. Bien souvent, elles sont filles de vignerons et ont dû faire leur preuve.

J’ai cet avantage d’être la première génération de vigneron de ma famille, ce qui m’a laissé une grande liberté dès le début de mon aventure. Mes parents ont toujours eu confiance en moi et ont eu un regard très bienveillant ce qui m’a donné cette grande confiance de me dire : je suis capable. J’ai 4 frères et j’ai toujours été considéré à leur égal.

Depuis mon installation, je n’ai jamais ressenti de machisme de la part de mes pairs. C’est plutôt l’inverse. Je crois qu’ils sont plutôt admiratifs de voir une nana reprendre seule un vignoble, conduire un tracteur, se faire sa place. Bien sûr, je pars de zéro, il faut qu’on me voit ! J’ai pris le parti d’afficher clairement ma féminité sur les bouteilles. Ça casse les codes et ça a le mérite d’interpeller.

 

Les femmes sont-elles facilement intégrées par vos équipes ?

Ma première salariée était une femme. Aujourd’hui un autre salarié nous a rejoint. Nous sommes une toute petite équipe et l’ambiance y est très bonne.

 

Est-ce que le fait d’être une femme a eu un impact sur votre parcours professionnel ?

J’ai pris conscience que je devais être à l’origine de mon parcours professionnelle et me créer mes opportunités, quand, pourtant très motivée, j’avais postulé dans plus de 200 châteaux du Bordelais suite à mon diplôme d’ingénieur agronome, pour des postes de chef de culture et maitre de chai et qu’aucun ne m’a donné ma chance. Je ne comprenais pas tellement pourquoi mes copains eux trouvaient du travail et pas moi.

J’ai bifurqué sur un poste de conseil aux vignerons en cave coopérative, et j’ai construit mon parcours petit à petit. Finalement, ces échecs de recrutement ont été un vrai tremplin pour moi par la suite. Cela m’a poussé à aller chercher une énergie incroyable au fond de moi-même pour montrer que même si je n’étais pas issue du monde du vin, j’étais bien capable de devenir vigneronne.

 

Comment réussissez-vous à concilier vos vies professionnelle et personnelle ?

Avec mon mari, nous avons fait le choix de devenir parents pendant mes études. Aujourd’hui, je suis donc à la fois femme, jeune maman et vigneronne. Cela demande une organisation dans le travail pour à la fois être épanouie dans sa vie professionnelle et sa vie personnelle. Il est très important pour moi de réussir à avoir un équilibre entre les deux.

Mon mari travaille dans un autre secteur d’activité et il m’aide beaucoup. Il est de très bons conseils et m’aide à prendre du recul sur mon entreprise. Il participe donc grandement à cet équilibre de vie familiale.

Nos filles ont 6 et 8 ans. J’ai des horaires pas communs pour une agricultrice, puisque ma priorité quand je me lève, ce sont nos enfants. Je ne commence à travailler qu’à 9h après les avoir posées à l’école. Le soir, il m’arrive très souvent de travailler à nouveau, au bureau, une fois seulement qu’elles sont couchées.

L’équilibre se fait plutôt sur une année. Il y a des périodes beaucoup plus denses où les enfants savent qu’on est à coté mais qu’on ne peut pas forcément s’en occuper.

Ce qui est difficile, parfois, c’est de dire stop au travail pour consacrer du temps à sa famille. Du temps pour moi, j’en ai peu. Je vis donc mes belles expériences de rencontres professionnelles comme des moments pour moi.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes et jeunes hommes qui souhaitent devenir viticulteur dans le Saint-Emilionnais aujourd’hui ?

En premier lieu, je leur conseille de se former. Beaucoup de choses s’apprennent avec l’expérience, mais une formation initiale apporte des bases. Il est important de se former aux techniques viticoles, vinicoles, mais aussi très important de se former en gestion d’entreprise et commerce.

En second lieu, il est primordial de bien s’entourer, avec des gens de confiance, et d’avoir un noyau familial ou amicale bienveillant et porteur. Dans ce type d’aventure, on a besoin d’avoir du soutien. C’est un métier passionnant mais difficile physiquement, et parfois moralement quand on subit une perte de récolte par exemple.

Enfin, je conseille aux jeunes d’être curieux, intrépides, de s’écouter, et de ne pas écouter les peurs des autres. Faites vous confiance et ne craignez pas d’aller découvrir les différents métiers qui tournent autour de la viticulture. Ne soyez pas pressés, prenez patience. Gardez votre objectif en tête : vous y arriverez.

 

Quels sont les enjeux de la viticulture aujourd’hui selon vous ?

La viticulture de demain doit être résolument transparente, mixte et engagée.

Une viticulture plus ouverte et accessible aux jeunes générations pour répondre aux enjeux de transmissions : la filière est vieillissante en Gironde, il est important de former et d’accueillir des jeunes sur nos exploitations.

Nos vignobles doivent être de plus en plus respectueux de l’environnement et c’est d’ailleurs le cas pour la majorité d’entre nous.

Enfin, la viticulture doit être attractive et continuer par ses vins de qualité et l’œnotourisme a passionner les néophytes comme les amateurs.

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